Keira [ OS ]

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« Je n'avais encore jamais vu ce genre de créature nulle part... » fut surement la pensée que chacun des élèves présents dans la classe eut en voyant son nouveau devoir. Et Maki n'y échappait pas vraiment, il était tout aussi indécis que ses camarades devant cette chose. Bon dieu. Ce prof était vraiment cinglé, qu'est-ce qu'il avait encore trouvé ? Il avança la main et toucha prudemment son « sujet » du doigt. C'était chaud et...mou. Et surtout ça venait de remuer ! L'adolescent sursauta violemment et se leva d'un bond, ne pouvant s'empêcher de laisser échapper un cri très peu masculin de ses lèvres. Plusieurs éclats de rires se firent entendre dont celui du professeur. Maki grogna et se rassit rapidement sur sa chaise, la mine renfrognée. Pourquoi fallait-il que ce genre de choses lui tombe toujours dessus hein ? Il voyait bien aux grimaces et gestes de reculs de ses collègues que ces derniers n'étaient pas plus rassurés que lui. Mais évidemment aucun n'avait crié et ne s'était tapé une honte de tous les diables. Évidemment, c'était toujours pour sa poire...Rah, vie maudite ! Il attrapa l'une de ses longues dreads et fit mumuse avec, faisant tinter le petit grelot doré attaché à son bout. Il avait toujours aimé les trucs bizarres, tout ce qui était hors norme lui plaisait...vêtements, coiffures, style en général et bien sûr bestioles étranges.

Et vu le monde sur lequel il habitait, il était servi. On pouvait trouver vraiment de tout ici et donc qu'une créature soit inconnue aux yeux de ses habitants était assez rare. Mais leur professeur de vie animale trouvait toujours un moyen de le faire...et donnait donc pour la plus grande joie – ou pas – de ses élèves toujours des devoirs aussi imaginatifs que dangereux pour la santé de ceux qui travaillaient dessus. L'année dernière l'un des élèves avait fini avec un troisième bras suite à un contact accidentel avec le venin d'une araignée géante de Darkis. Trois mètres de haut et quelques trente kilos de poils et de pattes velues, un charmant petit animal de compagnie en somme, en plus c'était assez susceptible. L'impudent avait osé se moquer d'une tache verte près de l'un des yeux de la bestiole qui n'avait pas vraiment appréciée. La voix du professeur s'éleva soudain, le tirant de ses pensées.

- Je suis ravie de voir que vous êtes tous aussi enthousiastes que moi à l'idée de travailler avec ces charmantes petites bêtes ! Ne sont-elles pas mignonnes ? Sourit-il.

- Mais c'est quoi au juste ces machins ?! Intervint une fille du premier rang avec une grimace.

- Monsieur...Je crois que le mien est mort, geignit un garçon du deuxième rang.

Maki vira une dread de cheveux noirs de devant son champ de vision et se leva légèrement pour apercevoir la chose de celui qui venait de parler. Sa bestiole n'avait effectivement pas bonne mine, si on pouvait vraiment dire que ce truc était ou pas, en bonne santé. Celle de l'élève était tout plate et d'un bleu pâle...un peu comme une boule de cette pâte à modeler terrienne qu'on aurait écrasé d'un bon coup de poing. Sauf que là ça rampait et ça geignait en faisant onduler ce qui lui servait de peau. Tandis que le professeur se précipitait pour aller voir ce qui n'allait pas, Maki baissa de nouveau les yeux vers son sujet. Lui, il avait visiblement la version stylisée pokemon, une bestiole inventée par les terriens, c'était rose pâle, tout rond, ça couinait aussi sauf que ses deux grands yeux noirs étaient ouverts et semblaient le regarder avec intérêt. Mon dieu. Voilà que ça se mettait à sauter sur place en plus. L'adolescent tendit sa main aux doigts halés pour attraper le machin au vol et se mit à l'étirer avec ses deux mains juste pour tester. Visiblement c'était aussi élastique...il arrêta brusquement son tirage et le bidule s'envola sous le choc puis se mit à rebondir sur tout les murs de la classe devant les regards atterrés de ses camarades.

Le professeur réussit à le rattraper après que ce dernier ait assommé un élève, renversé plusieurs bocaux contenant des substances douteuses et manqué de rendre aveugle une fille du premier rang. Il remit doucement son futur devoir à Maki qui retint une grimace quand son prof lui dit avec un grand sourire qu'il pouvait commencer tout de suite car visiblement sa créature l'aimait déjà bien. Le métisse se leva et avant qu'il n'ait pu faire un geste, son truc sauta et se colla sur son bras gauche, littéralement. Notre jeune homme retint de justesse un cri de pure horreur et sortit en trombe de la classe. Une fois dehors, il agrippa la chose rose et se mit à tirer pour l'enlever de son bras. Sauf que la bestiole ne semblait pas d'accord et se mit à hurler des « Amuuuuuuuuu ! » complètement hystériques. Maki se demanda brièvement comment une créature sans bouche pouvait crier mais ne s'attarda pas dessus. Pour le moment il voulait décoller « ça » de son bras. Mais cet animal semblait englué sur son bras, impossible de l'en déloger...L'élève soupira et se laissa choir dans l'herbe, épuisé.

Il faisait vraiment chaud, enfin chaud était un euphémisme...On se serait cru dans un vrai désert. L'herbe verte était sèche, les branches des arbres semblaient pendre vers le bas et les nymphes aquatiques se trainaient misérablement sur la terre en quête d'une source d'eau non tarie. Pour résumer : Le printemps de ce monde arrivait doucement, en été c'était bien pire. On était en Février et on manquait déjà de mourir de déshydratation. C'était la planète des extrêmes après tout, et pas seulement pour les animaux étranges. Et à cette période Maki avait légèrement tendance à déprimer...il voyait des couples partout sauf dans sa propre vie. Éternel célibataire...Il soupira. Il n'était pas le genre de garçon que les filles aimaient. Son physique attirait au premier abord mais son étrangeté faisait rapidement fuir...il avait beau tenter de changer, rien à faire. Nouveau soupir. Puis colère...il darda un regard noir, littéralement car ses yeux étaient ébènes, sur le truc rose accroché à son bras et se mit à tirer violemment dessus. Et là, miracle ou coïncidence mais la chose se décrocha brusquement de son poignet.

Sauf qu'après un rapide vol plané son devoir percuta violemment quelqu'un et le renversa dans un bruit assez impressionnant. Maki, qui avait tendance à sursauter pour un rien, fit un bond d'une hauteur conséquente avant de se retourner rapidement. Notre pauvre jeune homme faillit s'étrangler en voyant la personne qu'il venait d'agresser sans le vouloir. Une peau aussi blanche que la sienne était caramel, des yeux bleus aussi clair que ses yeux étaient sombres et des cheveux d'un argent parfait...Un noble. Et Merde ! Lui n'était qu'un simple roturier, un paysan, un moins que rien qui avait la chance d'étudier dans un lycée à peu près correct. Une agression envers un noble pouvait coûter la vie, oui, carrément...planète des extrêmes rappelez vous. Maki se redressa et fit face de son mieux à l'inconnu, mais qu'est-ce qu'un noble foutait ici de toute façon...? Il serra les poings et eut un mal fou à ne pas détourner les yeux, les nobles étaient toujours magnifiques et même si c'était en l'occurrence un homme, ça ne changeait rien.

- Hors de mon chemin petit macaque impoli qui ne s'excuse même pas après avoir agressé quelqu'un. La politesse ne fait visiblement pas partie de votre éducation...

Le jeune homme sentit la colère affluer dans les veines, il en avait marre de se laisser marcher sur les pieds ! C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase comme disait les Terriens...il n'en pouvait plus. Il se campa devant le noble et le toisa.

- Je ne suis pas un macaque espèce de poussin ambulant ! Assena-t-il.

Les nobles portaient toujours de riches costumes jaunes et ors...d'où l'insulte que venait de lui envoyer Maki. Suite à cette pique s'en suivit une joute verbale particulièrement intense. Et notre jeune métisse oublia complètement son devoir qui sautillait désormais derrière un buisson proche. La boule rose avait maintenant pris une toute autre forme...celle d'un cœur. Le professeur quand à lui étouffa un rire en rangeant son laboratoire, il adorait cette période de l'année. Il donnait toujours le même devoir...Il fallait s'occuper pendant deux semaines de ces étranges bestioles flexibles. Mais elles n'étaient pas que de simples bizarreries...leurs vrais noms étaient : Keira, les créatures qui vous amenaient vers votre seul et véritable amour, aussi appelées les angelots de la Saint Valentin. Dans deux semaines tous ceux qui auraient une bestiole en forme de cœur auraient rencontré leur âme sœur, même si ça, ils ne le sauraient peut-être pas encore...Muhuhuhu.