L'Instant X [PV Nana]

Cela faisait déjà quelques jours maintenant, que le jour avait chassé la nuit du firmament. La lumière pénétra dans les fenêtres du dortoir des rouges. Bien sûr, il ne s’agissait pas de celle du soleil, mais le matériel des climatologiciens était si performant qu’il était difficile de ne pas croire à cette illusion. Difficile de croire aussi, qu’on est enfermé sous terre lorsque l’on voit un beau ciel aux couleurs céruléennes s’étendre au-dessus de vos têtes. Une cage peut-être, mais une cage rose ...

Bien sûr, quelques détails laissaient comprendre la véritable nature de ce lieu. Par exemple, jamais personne n’avait entendu ici le moindre chant d’oiseau. Ni pigeon, ni hirondelle n’avait effleuré de leurs plumes la moindre parcelle de ce endroit. Bien sûr, il existait certains bakemons aux allures d’oiseaux mais ce n’était pas exactement pareil. Les bakemons, même s’ils étaient fait de chair et d’os ressemblaient davantage à des jouets qu’à de véritables êtres vivants. D’adorables peluches animées crées dans le seul but de plaire à leur propriétaire. Que ce soit leurs yeux, leur couleur, la douceur de leur fourrure, tout avait été minutieusement réfléchi.

Il n’y avait pas non plus d’insectes, ni de microbes virulents. Complètement hermétique, la zone avait été aménagé de façon à ce que rien du monde extérieur ne puisse filtrer et pénétrer dans l’enceinte du campus. Mais toutes ces protections n’avaient pas été érigé dans l’unique but de protéger les résidents, loin de là … En vérité, elles servaient principalement à empêcher les jeunes de s’échapper. Et ce, depuis le jour de leur arrivée, tous les enfants l’avaient bien compris. Ils avaient perdu leur liberté. Pourtant, tout cela n’était pas bien grave, car au fond, jamais vraiment ils n’avaient été maîtres d’eux-mêmes.

« Mmmh ? »

Masami étira ses bras en poussant un long bâillement. Il devait être environ 10 heures du matin quand le garçon se réveilla. Hier la journée avait été rude. C’est pourquoi aujourd’hui, quoiqu’il arrive, il avait décidé de garder le moral et surtout de positiver. A force de se faire du mauvais sang et de remuer ses idées noires, il avait fini par s’évanouir littéralement. Qui sait ce qui pourrait arriver la prochaine fois ? Il fallait qu’il apprenne à prendre sur lui, encaisser, et continuer à avancer. Regarder sans cesse en arrière ne lui apporterait jamais la tranquillité et la sérénité auxquelles il aspirait tant.

Mais comment être tranquille quand celui qui a tué la personne qui vous était la plus chère vit à quelques mètres de vous ?

Ah non ! Voilà qu’il s’y remettait. Il fallait absolument qu’il s’ôte toutes ces idées de la tête. En y réfléchissant, il fallait qu’il se trouve une autre occupation. Quelque chose qui l’obsède plus que son envie de vengeance. Soudain, comme assailli par une vision prophétique, les yeux du garçon s’illuminèrent. Mais oui ! C’était évident ! Il lui fallait se trouver une personne avec qui sortir. Quelqu’un qu’il pourrait bécoter à volonté et oublier pour quelques minutes Kamui et le Club Meisei. Oublier sa rage, oublier son amour … Oublier aussi qu’il était captif et qu’il se sentait attiré par les garçons … Juste se perdre dans la bouche d’une fille. Juste un instant …

Le sourire jusqu’aux oreilles, Masami avait l’air de croire qu’en trouvant cette solution loufoque, il allait trouver sa rédemption. Son énergie habituelle lui ayant été rendue, le garçon se dirigea vers les douches et se lava en vitesse. Si on le comparait à la veille, le chanteur était méconnaissable. Débarrassé de son teint livide et de ses yeux hagards, le petit frère d’Akizumi se montrait plus dynamique que jamais. Une fois propre, il brancha son sèche cheveux qu’il avait préalablement rapporté, et sans prendre la peine de nouer une serviette autour de sa taille, commença à se sécher les cheveux. Cette étape prit de longues minutes. Il adorait ses cheveux, mais quand ils étaient mouillés, ils devenaient son pire ennemi. Il détestait lorsque des mèches humides venaient tomber sur ses épaules en relâchant quelques gouttelettes glacées.

Une fois cela terminé, il plaça son élastique rouge pour faire une petite couette en arrière. Toujours nu comme un ver, le garçon se décida à quitter la salle pour regagner sa chambre afin de se trouver des vêtements propres. Il entrebâilla la porte et vérifia que personne ne se trouvait dans le couloir, histoire de ne pas passer pour un pervers exhibitionniste. Les journalistes du campus pouvaient sa cacher n’importe où, ce n’était pas le moment de faire éclater un scandale sur sa personne. Le corridor était bien désert, il en profita donc pour courir jusqu’à sa chambre revêtu de sa tenue d’Adam. Mais, arrivé à mi-chemin, un bruit de pas qui se rapprochait rapidement l’obligea à redoubler de vitesse ...