Dans la vapeur, le Dragon...

L’onsen dégagé sa vapeur, l’eau était brûlante, le décor agréable, le ciel bleu et artificiellement beau…Même les vents capricieux étaient cléments et soufflaient en une petite brise rafraîchissante. Par un heureux hasard, le lieu était désert, complètement vide de vie et c’est donc tout naturellement vers cet endroit isolé et reclus qu’Arashi avait décidé de passer quelque heures…

Evidemment, il y a bien eu deux groupes d’élèves qui ont décidaient de venir à l’Onsen, mais en voyant Arashi, le premier groupe avait directement fait demi-tour… Pour le deuxième, le Valet avait du lancer quelques menaces et rappeler quelques anciens dossiers qui finirent par faire fuir le deuxième groupe également, laissant le misanthrope avec lui-même.

Profitant enfin de la solitude tant voulue, Arashi put se déshabiller, s’entourant la taille d’une serviette et déposant ses habits en tas à côté du bords de la piscine, son côté bordélique étant toujours plus ou moins présent en lui… Puis, c’est un garçon, le pliage de fringue, c’est pas tellement son truc, lui c’est plus le style : je jette et avec un peu de chance ça atterrit pas trop en boule. Donc, c’est en boule que ses habits trônaient au bord du bassin, à tel point qu’il était impossible de vraiment les définir, mise à part ses chaussure : des rangers noires ; et son sous-vêtement : un boxer tout aussi noir. Mais le plus important n’était pas ses habits, mais bel et bien le calepin et le crayon à côté du tas d’habits…

S’immergeant progressivement dans l’eau, il s’assit à un endroit pas trop profond et se saisit du calepin, relevant les yeux sur le décor pour l’observer. Dans son cerveau, il gravé avec une précision digne d’un chirurgien l’emplacement du moindre détail… La Nature, parait-il, donnée aux bons dessinateurs une mémoires photographique digne de n’importe quel appareil photo… Ce ne serait pas avec Arashi que la légende serait contredite… Ayant seulement posé ses yeux une demi-minute sur le paysage devant lui, il saisit son crayon et sa main commença à tracer plusieurs traits fins qui semblaient partir dans toutes les directions, donnant une impressions étranges pour quelqu’un d’extérieur à ce genre de pratique : on pouvait penser que tout ces traits ne mèneraient à rien, que rien ne pouvait émerger de cette masse informe de traits… Et pourtant, plus Arashi traçait avec une froide assurance, une assurance de machine, ses traits ; et plus le dessin livrait ses détails : déjà apparaissait clairement et avec une ressemblance quasi-exacte l’arbre en face de l’Onsen… A ce train là, si Arashi continuer à dessiner aussi vite et sans hésiter, il devrait avoir complètement achevé un dessin digne d’un maître dans quelques minutes à peines…

Mais l’inconvénient, c’est que quand il se plongeait ainsi dans le dessin, il était moins attentif au reste du monde…Ou du moins, du monde qui n’était pas directement immédiat à lui… Heureusement qu’une certaine retenue naturelle l’empêchait de tordre son visage de mimique ou autres détails… C’était l’avantage d’être un calculateur, à la fin le corps prenait des habitudes, des automatismes, celui de la retenue permanente en était un exemple…

Moka aimait les onsens de la Pink Cage. Ils étaient mixtes.
Moka maudissait les onsens de la Pink Cage. Ils étaient mixtes.

A chaque fois qu'elle allait dans le bâtiment, la journaliste restait très partagée. D'un côté, beaucoup de choses s'y passaient, et il était plus facile d'y observer garçons comme filles mis à nu. D'un autre, elle n'aimait pas cette proximité. Mais de toutes manières, elle n'avait rien à craindre, elle. Moka se saisit de la pomme de douche et du savon et se nettoya comme il était d'usage avant d'entrer dans un onsen, dans l'un des box de douches mis à disposition des élèves. Il n'était pas vraiment l'heure de se laver, et la plupart des élèves devaient se trouver dehors à faire du sport. Elle avait confié le travail de relater ce qu'il s'y passerait aux autres journalistes, le temps qu'elle se délasse un peu. Daiki était un grand garçon, il saurait se debrouiller tout seul pour prendre de magnifiques photos... Même si elle se doutait bien qu'il préférera certainement prendre les chutes que les victoires, en fétichiste de l'échec qu'il semblait être. Mais pour le moment, il n'était plus temps de penser à tout cela.

Après avoir fini sa toilette, la brunette passa un bras pour attraper une serviette qu'elle enroula autour de son torse, masquant sa plate poitrine et descendant jusqu'à mi-cuisse environ. Elle passa une main dans ses cheveux humides et défit le noeud avec lequel elle les avait attachés. Ils tombèrent en cascade dans son dos légèrement cambré alors qu'elle attrapait la poignée de la porte qui menait aux sources d'eau chaude. Il faisait déjà assez chaud, alors se plonger dans l'eau presque bouillonante des bassins pouvait sembler saugrenu. Mais au moins pourrait-elle être un peu plus seule maintenant que le soir, au moment où tous viendraient. La journaliste sortit donc du petit bâtiment des douches et fit quelques pas au bord de la source. Elle s'assit et mit un pied dans l'eau. Un petit frissonnement de soulagement la secoua. L'eau bouillante avait quand même des vertus non négligeables, dont celle de détendre presque instantanément ses muscles un peu endoloris par le reste de la journée où elle avait beaucoup cavalé en chaussures à talons. La jeune fille se rendit compte qu'elle avait oublié d'enlever ses boucles d'oreilles et une barette dans ses cheveux, mais haussa légèrement les épaules. Tant pis. Cependant, alors qu'elle allait s'immerger entièrement dans le bain, elle remarqua une silhouette dans la buée ambiante, dont elle discerna le visage en plissant légèrement les yeux.

Arashi Shiro, Valet de Trèfle, 19 ans, rien de notable noté dans ses carnets ou dans le journal du lycée.

Moka faillit détourner la tête avec désintérêt, se disant qu'il ne devait pas faire quelque chose de bien croustillant à mettre dans le journal ou dans sa petite tête qui notait tout. Cependant, elle remarqua le carnet qu'il tenait entre les mains et s'approcha juste assez pour apercevoir ce qu'il marquait. A sa grande déception de journaliste, il ne semblait pas tenir de journal intime qu'elle pourrait lui arracher des mains mais dessinait. Elle dût avouer qu'il semblait, de là où elle l'observait, dessiner avec une certaine maîtrise, bien que le croquis ne soit pas finalisé. Ce n'était qu'un arbre, mais il semblait presque vivre sur la petite feuille de papier qu'il tenait entre les doigts. Dommage que sous la chaleur ambiante, la feuille se gondole un peu, altérant légèrement le dessin. La jeune fille fit quelques pas sur le bord de la source d'eau chaude, observant l'impassibilité du Valet absorbé dans son dessin.

Elle s'arrêta sur le bord juste en face du garçon, ne se mettant pas vraiment dans le champ de vision dont il avait peut-être besoin. Il ne leva cependant pas une fois la tête alors qu'elle s'immergeait dans l'eau brûlante, la serviette autour d'elle. Elle sourit, amusée, laissant ses membres se délasser un peu. Il était vraiment concentré... Cela faisait un peu associal, ce qui ne l'arrangeait pas tellement parce que les secrets d'associaux sont plus difficiles à extorquer que ceux censés avoir des amis. Plus ennuyeux, dans certains cas, aussi. Mais quelque chose lui disait que connaître un peu mieux Arashi Shiro ne serait pas mauvais, ni pour sa popularité ni pour son journal. Assise sur une roche au fond de l'eau, croisant les doigts sur son genou, la journaliste fit donc après reflexion une petite remarque au Valet, de la petite voix asexuelle et fleurie qui la caractérisait

« C'est bien ennuyeux, les arbres. N'aurais tu pas quelque chose de plus intéressant à esquisser ? »

La mine de son crayon courait sur le papier qui commençait déjà à ramollir sous l’effet de la vapeur d’eau… Malgré cette difficulté supplémentaire, le Valet n’avait toujours pas bronché, ne relevant plus du tout la tête de sa feuille… L’arbre avait presque complètement prit forme… Heureusement qu’Arashi avait prit soin de choisir un carnet aux feuilles plus épaisses, sinon il aurait déjà traversé le papier une bonne vingtaine de fois…

Tout à ses réflexions sur sa propre prévoyance, le garçon continua à tracer avec délicatesse les feuilles de l’arbre… Evidemment, il ne les dessinait pas toutes, mais il pouvait facilement en donner l’impression par quelques traits, quelques courbes, un peu d’ombre par ci par là… L’illusion était parfaite et quasi identique à la réalité…

Arashi continuait son œuvre sans s’apercevoir qu’il avait un public… Il n’avait absolument pas remarqué la présence de la jeune fille, trop absorbé qu’il était par son travail. Même le remous imperceptible de l’eau ne lui avait pas paru suspect ; encore eu t-il fallu qu’il l’est remarqué en quittant une seconde des yeux son dessin, mais c’était trop en demander à Arashi qui était complètement coupé du monde…Enfin, encore plus que d’habitude…

Alors qu’il traçait les derniers détails de l’arbre, le jeune homme se crispa… Une voix venait de résonner dans l’Onsen, percutant de plein fouet sa bulle de tranquillité en la faisant voler en éclat. Sa mâchoire se serra lentement, faisant grincer un instant ses dents… On venait encore le déranger ? Il allait devoir en chasser combien ?... Son visage passa de la concentration à une froideur tout simplement polaire, notamment au niveau de son regard… Ses yeux semblaient pouvoir vous faire disparaître dans la seconde…

Avec une lenteur calculée il releva les yeux vers la provenance de la voix ; ne daignant pas relever complètement la tête pour un simple élément perturbateur… A travers ses mèches de cheveux moites à force de subir l’assaut de la vapeur, il put discerner la silhouette d’une jeune fille… Quelque seconde d’observation silencieuse plus tard et il pouvait mettre un nom à cette silhouette : Nanoka Moka… La « Barbie » comme beaucoup l’appelaient… La « salope » aussi, mais Arashi trouvait ce surnom là moins approprié : une salope écarte les cuisses pour un oui ou un non, et à ce qu’il savait Moka n’était pas de ce genre là… Enfin, après, il se trompait peut être, il n’était pas très au fait des divers ragots qui circulaient… Tous ce qu’il savait il le devait à des conversations surprises entre d’autres élèves ou simplement à ce qu’il pouvait entendre quand il dessinait dans son coin… Autant dire que contrairement à son vis-à-vis, il ne tenait aucune base de données réellement précise sur les gens, sauf ceux qui pouvaient l’intéresser et lui servir…

Toujours sans redresser la tête, il continuait de l’observer ; non pas qu’il veuille absolument l’avoir dans son champ de vision par politesse ou tout autre raisons… Il était juste en train de la rajouter mentalement à son dessin… Moka n’était pas laide et une fille dénudée donnait toujours un certain cachet à n’importe quel dessin.

Quand il l’eu mémorisait dans ses grandes lignes, il rebaissa les yeux sur son dessin sans répondre et commença à rapidement tracer le contour du bassin puis le contour d’une silhouette… Malgré tout, s’il ne répondait pas, il avait une chance sur deux pour qu’elle s’en aille, hors il avait besoin de l’original s’il voulait pouvoir dessiner les détails dans la copie…

Aussi il fut contraint de répondre, sur un ton tranchant bien que peu agressif… Il était juste complètement froid, mais rien dans sa voix ne signifiait qu’il désirait que la demoiselle s’en aille dans la seconde.

« Ca se pourrait… »

Effectivement, il n’y avait pas là de quoi entamer une grande conversation, mais au moins il ne l’avait pas envoyé chier… Maintenant, elle pouvait répondre ou non, Arashi s’en foutait, l’essentiel étant qu’elle attende qu’il est finit pour partir… Une autre cruelle vérité de la condition féminine…

Visiblement, sa voix n'eut pas un grand impact sur lui. Ou plutôt, se permit-elle de rectifier intérieurement une seconde plus tard, cela semblait avoir à peu près le même effet que la voix d'une mère en colère qui apellait à table pouvait avoir sur un adolescent rebelle occupé. C'est à dire qu'elle semblait avoir provoqué un agacement profond au personnage, tout en l'obligeant ne serait-ce qu'à lever les yeux deux secondes vers elle, par politesse. Ce qu'il fit d'ailleurs. Ce garçon était prudent, il savait certainement après l'avoir vue ou après avoir reconnu sa voix qu'il valait mieux ne pas faire un seul faux pas en sa présence ou comme il ne fallait pas en faire en celle d'autres journalistes du campus.

La jeune fille sourit légèrement comme il était d'usage au travers de la fumée qui les séparait. Comme la plupart des gens du campus, contrairement à la plupart des gens du dehors, il était esthétique. La buée ambiante pouvait confondre, mais à ce qu'elle avait vu lorsqu'elle le croisait... Ouais, cheveux blancs, yeux clairs et aussi froids que son attitude, aura de puissance tranquille et qui hurlait au reste du monde de ne pas s'approcher trop près de lui... Il avait des arguments fort valables pour se faire bien voir. D'ailleurs, il lui sembla un instant que les yeux d'Arashi avaient accroché un quelconque interêt à sa personne, mais l'éclat qu'elle y aperçut ne fit que lui rapeller qu'il regardait tout son entourage comme un décor. Un paysage. Tant d'indifférence dans son attitude était presque vexant, mais Moka ne se départit pas de son attitude enjouée, ne serait-ce que pour coller avec l'image de la Barbie reteinte qu'elle avait. Elle plongea ainsi à moitié son visage dans l'eau bouillante, continuant à le fixer. Ses longs cheveux bruns s'étalèrent en corolle autour de son torse. Elle souffla sous l'eau pour faire des bulles comme un petit poisson, ne sachant pas trop quoi lui dire. Du moins, elle était tiraillée entre deux idées. La première était de continuer une discussion dite normale avec lui, essayer de trouver un sujet de discussion sur lequel il pourrait s'étendre un peu... Mais la deuxième idée était un peu plus amusante dans le sens où elle pouvait jouer les rôles les plus stupides qu'elle endossait au jour le jour. Les sourcils de la petite Moka s'arquèrent légérement, la jeune fille restant immobile un petit moment. Alors qu'il semblait faire les finitions de son dessin, elle enfonça un peu plus le visage dans l'eau, ne faisant apparaitre que ses yeux réhaussés avec soin de maquillage waterproof et ne se relevant légèrement que pour respirer. Ses pupilles sombres le détaillaient tandis que ses mains tâtaient le fond du onsen.

« Oh ! ♪ »

Moka tira d'un coup sec sur quelque chose sur lequel elle venait de mettre la main et tira de l'eau une serviette de bain. Elle sortit assz rapidement de l'eau en faisant attention à ne pas glisser, le torse entouré de la sienne, signifiant à son interlocuteur à qui elle appartenait, au cas où il ne l'aurait pas remarqué, prenant l'air qui lui valait le surnom de Barbie.

« Les élèves laissent vraiment tout traîner. C'est navrant... »

Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille tandis qu'elle lançait la serviette derrière un rocher, où elle dut atterir sur le tas de serviettes déjà utilisées. La jeune fille prenait quelques risques en se risquant à des activités aussi infantiles - ça, c'était pas grave, elle etait censée avoir un Q.I. d'huitre cuite - face à celui que certains qualifiaient de dragon ou de yakuza en l'évitant au possible et en s'évanouissant presque au moindre mouvement qu'il faisait vers eux ou au moindre regard qu'il leur adressait. Elle n'en avait pas peur, elle c'était la Barbie sanguinaire. Barbie Moka, vendue avec son lot de masochisme et sa gentillesse exemplaire. La jeune fille roula des hanches et se retourna, les cheveux mouillés, vers le Valet de Trèfle

« Heureusement qu'il y en a qui ramassent ♥. »

Moka se réintroduit dans le bain en serrant bien sa propre serviette pour ne pas subir le même sort. Ce n'était évidemment pas la recherche d'une humiliation d'Arashi, mais plutôt une sorte de test. Il avait beau jouer les glaçons, il était un jour ou un autre où il lui faudrait sortir du bain, elle n'avait qu'à observer ses actions face à une situation jugée par beaucoup comme embarassante pour se faire une esquisse de personnalité. Le misanthrope qui ne lui avait pas accordé le moindre regard changera-t-il un peu? Moka remit son visage à moitié dans l'eau, faisant des bulles.

Dans le cas d’Arashi, la prudence pouvait même être appelée « méfiance »… Il n’avait naturellement confiance en personne, mais dans le cas des journalistes du campus, il n’avait réellement aucune once de confiance à leurs accorder, sachant pertinemment qu’ils n’avaient qu’un objectif : le piéger… Et Moka, en particulier était une véritable harpie, un fin limier… Comparable à un requin blanc qui renifle une goutte de sang à des kilomètres, Moka pouvait flairer les scoops et les faux pas… Se retrouver face à cette fille était aussi amusant que dangereux, un jeu auquel Arashi avait finit par prendre goût. Elle faisait parties des rares capables de l’intéresser plus de dix minutes…

Ayant répondu avec son « tact » légendaire, Arashi s’était donc concentré sur son dessins, imprégnant dans son œuvre les courbes féminine d’une pâle copie de Moka, une copie sans visage ni silhouette bien définie mais qui possédait les mêmes formes que la terrible Barbie…D’ailleurs, parlons plutôt d’elle puisque Arashi est décidément trop ennuyeux et concentré pour avoir une quelconque réaction…

Moka, donc, fut contrainte de chasser l’ennui en se livrant à des jeux de salle de bains bien connus… Jeux qui eurent pour effet d’agacer Arashi : la serviette le gênait déjà, mais si en plus elle immergeait son corps, comment voulait-elle qu’il la dessine ? Néanmoins, il évita de faire la réflexion, jugeant que ce serait faire trop plaisir à la Barbie que de lui montrer qu’elle était une source d’intérêt, même mineure et intéressée à ses yeux… Il fut donc contraint de ne plus poser son regard sur elle pour se concentrer sur ses souvenirs et les coucher sur le papier… Mais, il fallait bien reconnaître que sur le dessin, la fille possédait de très long cheveux : Arashi avait trouvé esthétique l’image de la chevelure se déployant autour de la peste en flottant à la surface de l’eau, donc il l’avait reproduite sur son dessins en trichant sur la longueur des cheveux…

Il était tellement plongé dans cette nouvelle tâche qu’était la représentation d’une chevelure qu’il en occulta complètement les autres délires de Moka… Enfin… Il les occulta jusqu’à entendre un petit « oh » tellement chantant qu’il comprit qu’il se passait quelque chose… Ayant relevé les yeux pour s’informer de la situation, il remarqua avec une surprise contenue que la sirène carnivore était…Dangereusement proche… Et il n’eut pas le temps de réagir quand il sentit se dérober sa serviette, le laissant nu au milieu du bain brûlant.

Il fut tellement abasourdi par ce geste qu’il ne broncha absolument pas, remplaçant l’habituel gêne par une indifférence « machinale », un réflexe mis en place par sa personne pour se donner l’air de la contenance lorsqu’il était complètement surpris… Le seul signe qui pouvait prouver qu’il était encore en train d’analyser ce qui venait de lui arriver était qu’il avait arrêté de dessiner…Et il fixait intensément Moka… Celle-ci, avec une rapidité digne d’un rapace fonçant sur une charogne, c’était extirpée du bassin et affichait avec triomphe la serviette d’Arashi, le gratifiant d’une remarque puérile avant de jeter sa serviette loin de toute possibilité de récupération…

Il était hallucinant de voir autant de gaminerie se dégager d’une fille qui avait déjà des courbes de femmes… Effectivement, ayant fait le tour de la question mentalement, Arashi comprit qu’il n’y pouvait plus rien, alors autant passer à autre chose…Et là son modèle s’affichait dans toute sa grâce devant lui, enroulée dans une serviette humide devenue moulante… Cette vision aurait put lui arracher quelques réactions masculines incontrôlables s’il n’avait pas l’habitude de côtoyer de si jolis spécimens…

Un roulement de hanche plus loin – roulement qui accrocha le regard du Valet soi dit en passant – et Moka lui resservait une réflexion gamine avant de retourner dans l’eau, en face de lui, s’immergeant une fois de plus pour faire des bulles…

Rien chez Arashi n’avait changé, sinon deux détails des plus importants : son regard… Il n’avait pas lâché des yeux la jeune fille ; et il la fixait encore sans rien dire… Son crayon en main, il se dit qu’il devait vite reprendre contenance (oui, parce que là, dans le monde d’Arashi, il est décontenancé) avant qu’elle ne remarque quoi que ce soit ; il se remit donc à tracer quelques traits sur sa feuille, réfléchissant comme il pouvait sur la situation…

Elle n’avait pas d’appareil photo sur elle, c’était certain… Mais était-elle seule ? Un complice attendait peut être un mouvement pour shooter comme un forcené… Dans l’absolu, ce n’était pas bien grave, le lendemain, il devrait juste s’attendre à voir sa queue en première page… Bien qu’il n’avait pas les dimensions du « hardeur » de base, il se savait assez correctement servi pour pouvoir manquer de pudeur… Donc oui, dans l’absolu, il ne risquait pas grand-chose… Mais malgré tout, s’il pouvait s’éviter un tel « étalage » ce ne serait pas plus mal…

Relevant les yeux sur le décor, il fit comme s’il observait de possibles détails à rajouter à son œuvre ; mais en réalité, il cherchait simplement la présence d’un complice… Non, il ne voyait rien… Donc à moins d’avoir affaire à des experts du camouflage, il put passer à d’autres hypothèses… Simple gaminerie ? Venant d’elle, ce serait étonnant…Quoi que, peut-être était-elle vraiment aussi stupide que le disait la rumeur… Mais cela sonnait tellement faux : cette fille ne pouvait pas être stupide… Donc elle cherchait à le piéger, ou plutôt le tester… Elle devait être déçue : Arashi n’avait pas eu la réaction normale qui aurait consistait à s’immerger jusqu’au cou en cherchant misérablement de quoi se couvrir…

Finalement, ayant passé en revu toute ces considérations et possibilité avec la rapidité de penser des fourbes et manipulateurs, Arashi se décida à parler, d’un ton qu’il fit plus cassant que d’habitude et légèrement moqueur.

« Tu as pu voir ce que tu voulais ?... »

Il se doutait bien que non, à moins qu’elle ne soit pourvue d’une vision capable de traverser vapeur et eau… Tout en la dévisageant, Arashi commença à dessiner le visage de la fille de son dessin…Une jeune fille au regard fier mais faux… Il rajouta ensuite sur le ton de l’évidence, se moquant au passage de la miss tout en lui signifiant qu’il se doutait qu’elle ne faisait pas ça par gaminerie…

« Si tu voulais m’embarrasser, tu aurais du faire ça dans une eau glacée…T’aurais augmenté t’es chances… »

Puis, en relevant à nouveau les yeux de son dessin, il la fixa droit dans les yeux, attendant de voir la suite… Il fallait en effet accorder à la Princesse qu’elle avait une petite longueur d’avance sur le coup…

Moka, petit poisson du onsen, continuait à faire des bulles dans l'eau brûlante, souriant à moitié, mais plutôt concentrée sur la scène, regardant attentivement le visage d'Arashi, tentant de lire une quelconque gêne sur son front ou au fond de ses yeux. Néanmoins, le dragon n'avait pas manqué à sa réputation, étant donné qu'il ne sembla pas broncher, et que Moka ne le connaissait pas assez pour déceler les infimes détails qu'il laissait échapper. La seule remarque qu'elle se fit fut son regard plus insistant sur sa personne. Etait-il en colère, indifférent, ou trouvait-elle ce qu'elle avait fait un peu stupide? Elle était officiellement la Barbie de l'école, donc une fille stupide à souhait. Elle n'avait pas à se justifier de ses bêtises ou de ses actes irraisonnés, cela faisait partie de la nature qu'elle s'était longuement modelé au cours des années passées dans la pink cage. Arashi, quant à lui, semblait avoir hérité d'une toute autre façade, à l'opposé de la sienne, avare de parole ou d'émotion alors qu'elle ne faisait que parler en souriant de toutes ses dents blanches à l'alignement parfait, il en allait de soi. Le garçon aux allures presque reptiliennes en face d'elle avait tout du terrible animal qu'on lui avait decrit, au regard aussi meprisant que meprisable et à la beauté sans failles. Nul doute que les filles aimeraient sentir leurs soupirs rejoindre les siens ne serait-ce qu'une fois, mais ses amours n'avaient jamais entretenus les rumeurs du journal, et Moka s'en était toujours desespérée. Que pouvait bien avoir ce garçon pourtant si bien pourvu ? Les don juan, les timides, les gays, les discrets, tous avaient fait une fois ou deux des critiques de la journaliste noire, mais il y avait presque toujours echappé, n'étant mentionné que pour des affaires de moindre importance. A présent, il s'agissait de le jauger un peu plus, et elle venait de trouver sa cible, son objectif, son but des prochains mois, des prochaines semaines, des prochains jours. A lui de voir combien de temps ce petit jeu durerait, à lui de résister du mieux qu'il le pouvait, mais il avait bien intérêt à ne pas le décevoir.

Il daigna lui accorder quelques paroles, geste qu'elle interpréta comme une petite victoire, aussi meprisantes soient-elles. Il lui avait parlé de son plein gré, et avait formulé des phrases de plus de trois mots, chose que beaucoup de gens pensaient impossibles. Elle lui sourit, mimant la gêne, remontant un peu son visage de l'eau brûlante afin de pouvoir répondre, d'un air innocent parfaitement cruche, d'un air qui convenait fort bien à la Moka qu'elle s'était inventée.

« Oh, c'était à toi ? Pardon pardon ♥... Je crois qu'elle est un peu loin pour que je puisse aller la chercher, maintenant ! »

Le Valet de Trefle était le supérieur d'un simple neuf de pique, mais était-il personne à s'inquièter des rangs, et était-elle fille à y prêter une quelconque attention ? La jeune fille laissa un sourire flotter sur ses lèvres, fixant avec une moue entre la moquerie et l'espieglerie l'homme aussi imperturbable qu'un morceau de bois et aussi avenant qu'une dalle de béton. Entre le chaud et le froid, il n'y a qu'un pas, et l'atmosphère glaciale qui émanait d'Arashi était presque capable de refroidir l'eau autour de lui, songea-t-elle en le scrutant, ses yeux papillonant entre son visage et le reste de son corps, ses propres formes cachées elles aussi dans l'eau chaude du onsen

« Je pense que la simple attente compensera ce détail. »

En effet, il lui faudrait bien sortir un jour de ce bain, si agréable soit-il. La jeune fille nota néanmoins qu'il avait son carnet à la main, et elle se demanda un instant si il l'utiliserait pour sortir en toute discrétion. Moka se passa une main dans les cheveux, laissant légèrement glisser sa serviette le long de son torse, la rattrapant juste à temps pour ne pas en dévoiler plus qu'il n'en fallait, jouant des jeux qui lui convenaient bien. Elle finit par ajouter, désignant du menton ce qu'il tenait entre les mains, d'un air de petite fille

« Fais voir ce que tu dessines, les professeurs ont toujours couvert d'éloges tes créations, je veux voir ça de plus près ! »

Il ne la regardait pas pour rien, non plus.... Si ?

[desolee je reprend ç_ç ]

La mine glissait sur le papier gondolé avec une assurance qui aurait fait pâlir les plus grands artistes de ce monde… Et pourtant… Pourtant, selon les critères très personnels d’Arashi, il trouvait ses gestes désordonné et peu assuré… En effet, les réflexions et l’attitude de Moka n’avait aucune logique, aucune véritable cohérence avec l’idée qu’il s’était fait de cette fille… Il savait parfaitement que sa connaissance des autres gens du campus était plus que limitée, mais il se connaissait aussi trop bien pour savoir qu’il ne pouvait pas s’être trompé de manière aussi flagrante.

A mesure qu’il réfléchissait à ça, il retrouva la totalité de son calme, ses traits se refirent absolument parfait… Tant et si bien qu’il avait presque terminé, il ne lui restait que les derniers détail à figer sur le papier : des ombres, des petits détails comme des cils ou des commissures de lèvre… A force il finit même par occulter de ses pensées le terrible regard posé sur lui… Un véritable regard d’inquisiteur cette Moka : elle le dévisageait de haut en bas avec une telle insistance que s’en était presque oppressant. Heureusement qu’Arashi n’était pas du genre à se sentir oppressé… Et surtout, heureusement qu’elle finit par parler, sur un ton tellement naïf qu’elle en était à la fois absolument ridicule et, quelque part, légèrement « adorable »… Si, adorable… Un peu comme une gamine…Ou plutôt comme l’un des fantasmes masculins que celui de la « femme-enfant »… Même si Arashi était plus du genre à s’acoquiner avec des « Dragonnes » dans son genre, il n’avait jamais rechigné à débaucher quelques princesses naïves… Mais toujours dans le feutré, de telle sorte que le journal n’avait pu que spéculer… Quand à ses jolies victimes : soit elles avaient honte d’avoir coucher avec lui (ou plutôt, elles avaient peur que cela s’apprenne et de se retrouver aux centre des attentions), soit elles étaient tellement sous l’emprise du garçons qu’elles se taisaient sur son ordre, car oui, on pouvait bien parler d’ordre.

Elle objecta que sa serviette était trop loin pour aller la chercher. Cette remarque faillit arracher un sourire à Arashi, sourire qu’il eu intérieurement. S’il le voulait, il pouvait mettre en avant son rang de Valet pour ordonner à la sirène de l’onsen d’aller lui chercher de quoi se couvrir. Mais quelque chose lui dit que Moka n’en ferait rien… Et puis, la seconde remarque de la demoiselle lui fit clairement comprendre qu’il avait raison à propos d’elle : c’était une fille intelligente… Tout ceci n’était pas de la puérilité, c’était toute une ruse pour le pousser à bout… Manque de bol pour elle, le Dragon est un animal à sang froid…
Et c’est cette réflexion là qui arracha une esquisse imperceptible de sourire en coin à Arashi. Il ne lui ordonnerait pas d’aller chercher une serviette… Il allait voir jusqu’où Moka était intelligente, il voulait voir jusqu’où elle était capable d’aller pour pouvoir obtenir des scoop… Et surtout, il se doutait bien qu’elle voulait le briser lui, comme elle en avait brisé beaucoup d’autre… Plus qu’un choc de deux personnalités que tout oppose, c’était une sorte de course à celui qui ferait craquer l’autre en premier… Du moins, Arashi l’espérait. Il s’emballait peut être mais il était sûr de son coup à propos de Moka… Il savait à quel point les gens ne sont pas ce qu’ils paraissent être.

En considérant tout ceci, il ne pouvait que s’interdire de lui ordonner quelque chose… Ce genre de lutte devait se faire à armes égales… Bien qu’il se gardait tout de même l’option de lui ordonner quelque chose un jour ou l’autre, pour lui faire un petit rappel si elle venait à oublier qu’elle lui était inférieur… Et puis cela aurait une symbolique formidable : supériorité de son esprit sur elle, supériorité masculine, etc… Oui, la réflexion Arashienne va loin, mais c’est ce genre de détails esthético-spirituels qui font qu’Arashi continu à trouver certaines choses dignes d’être dessinées.

« Je tâcherai de tester ta patience alors… »
Il avait à peine relevé les yeux de son dessin pour répondre ça, prouvant par là (à qui savait décrypter le moindre geste) qu’il venait d’accorder un certains « mérite » à Moka. Et celle-ci le lui rendit presque instantanément en passant une main dans ses cheveux. Ne pouvant empêcher ses yeux de suivre la chute de la serviette, Arashi en était presque venu à espérer qu’elle ne remarque rien… Hélas, le galbe des deux adorables seins de la demoiselle commençait à peine à apparaître, découvert avec lenteur et érotisme, quand elle envoya un bras pudique retenir le tissu… Encore un peu songeur sur l’esthétisme de la scène, Arashi termina de griffonner quelques détails.

Ce fut à nouveau Moka qui brisa la silence, fidèle aux manies féminines…Cette fois, Arashi redressa complètement la tête, provoquant un effroyable bruit de craquement au niveau de sa nuque. Les cheveux un peu collés contre sa peau humide, il posa un regard digne de lui sur Moka.

« On ne t’as jamais dit qu’il ne fallait jamais montrer une œuvre inachevée ? Ca porte malheur… »

Cette simple phrase lâchait sur le ton habituellement glacial et détaché qui était siens, permit à Arashi de griffonner les tout derniers détails de son dessins tout en signifiant à Moka qu’il rejoignait le petit jeu du chat et de la souris… Evidemment, Arashi n’était pas du genre superstitieux… Il voulait juste voir comment elle réagirait face à une info complètement fausse.

Quand au dessin : il le gardait habilement hors de vue de la miss sans pour autant se donner l’air ridicule des gens cachant leurs dessins. Il était complètement terminé maintenant : il avait représenté avec une fidélité digne d’un appareil photo l’onsen du campus ; y rajoutant toutefois une jeune fille à moitié nue dont la serviette ne caché que les seins et la vertu, laissant apparaître et deviner des fesses rebondie et une poitrine discrète mais agréable. La jeune fille possédait un regard fier, un regard d’impératrice à la fois glacial et enflammé. Autour d’elle s’éparpillait en corolle ses longs cheveux noirs, formant par endroit un nouveau voile de pudeur.

Il se dégageait de ce simple croquis aux crayons un sentiment de réalité dérangeant, comme si le dessin allait se mettre à bouger. Et c’était presque le cas… Si Moka était physionomiste et un peu observatrice de sa propre personne, elle remarquerait sans mal que la fille du dessin lui avait volé de nombreux attributs : les seins notamment, la forme des yeux, de la bouche et du visage en générale… Et la taille de guêpe aussi… Et malgré tous ses détails, on ne pouvait pas catégoriquement dire qu’Arashi avait utilisé Moka comme modèle… On ne pouvait que spéculer sur une certaine ressemblance…

(désolé du retard et de la qualité -_- je fait ça un peu dans la précipitation)

» Red dragon-fly